Partenariat Galerie Françoise Paviot et Maison de Balzac
À l’occasion de Paris Photo, les étudiant.es en 2ème année de BTS Photographie exposent à la Maison de Balzac.
« Photographie et écriture : interroger les liens par la pratique »
Les références photographiques montrant les possibles interactions entre photographie et écriture sont nombreuses : depuis la simple présence du texte dans l’image, les Polaroids couleur de Walker Evans1 notamment, jusqu’à la légende détournée et réinventée sous la forme d’une petite voix qui raconte ce qui ne peut être capté par la prise de vue, ainsi, les ressentis du photographe Raymond Depardon dans Correspondance New Yorkaise2. À cela, il faudrait ajouter les récits autobiographiques avec « témoin d’image » de Sophie Calle3, ou encore les installations d’Alfredo Jaar4 dans lesquelles le texte vole la place de l’image ; sans oublier le décalage induit par le texte : la série Hiver(s) de Gilles Coulon montre des paysages enneigés et poétiques qui contrastent avec la description froide, extraite de journaux, des conditions dans lesquelles des sans domiciles fixes sont morts dans la rue.
Partir des mots de Balzac et faire naître des images. Les enjeux étaient nombreux : découvrir l’œuvre de Balzac et inciter à une lecture pas toujours facile des étudiants encore jeunes, construire une démarche pertinente, s’ouvrir à d’autres pratiques et aborder les enjeux de la présentation et la mise en espace des images. Mais comment le texte pouvait-il « faire image » ? Dans un premier temps, chaque étudiant a dû faire émerger une question qui entrait en résonnance avec l’époque contemporaine. Se déplacer. Il y avait des évidences et des zones plus obscures. Séraphîta et la question du genre, l’impossibilité à se fondre dans le décor dans Illusions Perdues, les écrans comme les nouveaux excitants modernes… La réflexion a été ensuite enrichie et poursuivie pour définir le ton de la série et les moyens techniques et plastiques les plus adéquats pour la réalisation et la restitution du projet. Les images choisies, une vingtaine, s’accordent dans le choix de la mise en scène pour dire le réel balzacien. Il a fallu trouver une distance juste par rapport au texte, la série d’images ne devait pas se réduire à être une simple illustration de l’extrait choisi, alors que l’écart temporel semblait mince : les propos de Balzac semblent parfois si proches.
S’éloigner suffisamment mais pas trop, comme un écho à la pratique photographique.
Aurore Le Maître, enseignante de prise de vue
1 Walker Evans, Polaroids, Éditions Scalo, 2002.
2 Raymond Depardon, Correspondance New Yorkaise, Paris, Libération et Édition de l’Étoile, 1981 (texte d’Alain Bergala : « Les absences du photographe »).
3 Sophie Calle, Suite vénitienne, Paris, Édition de l’Etoile, 1983 (texte de Jean Baudrillard : « Please follow me »)
4 Alfredo Jaar, Real pictures, 1995.
Balzac face à la Photographie
Exposition gratuite jusqu’au 15 janvier 2023
Maison de Balzac,
47 rue Raynouard – 75016 PARIS
(1, 2, 3, 4, 5, 6) © Clothilde Tierce
(7, 12) © Sophie Bouger
(8) © Axelle Guerlesquin et Lou Geoffrion / Seraphita
(9) © Patricia Hébert
(10) © Sophie Bouger – image centrale : Fatine Bengueddach-Massard et Charlotte Bagréaux / Les Amours de deux bêtes
(11) © Héloïse Maignan et Lia Mancini / Le Lys dans la vallée
(13) © Patricia Hébert – Raquel Vaz et Clothilde Tierce / Les Illusions perdues
(14) © Patricia Hébert – Elsa Cavailles et Élisa Chauveau / Ferragus, chef des dévorants
(15) © Clothilde Tierce – à gauche : Danni Hin et Brune Lemaire / La Peau de chagrin
(16) © Clothilde Tierce – Noé Prost et Camille Prunier / Eugénie Grandet
(17) © Patricia Hébert – Hina Lafon et Arthur Hayon / Traité des excitants modernes
(18) © Clara Hin, Manon Delisle et Annabelle Franceschini – La Fille aux yeux d’or
(19, 20, 21) © Patricia Hébert