Journée d’études : « No More Reality (en vrai) »

NO MORE REALITY1
(en vrai)

Tandem fiction & réalité
Les premiers récits collectifs œuvraient dans le réel.
Peu de distinction dans les périodes anciennes entre la pratique de la terre, les rituels et les légendes locales. Fiction et réalité étaient associées. Le rituel actualisait le mythe pour creuser et renouveler la compréhension du lieu de vie commun. Comme le souligne l’anthropologue Charles Stépanoff2, le travail savant de l’imaginaire cultivé et développé contribue alors activement à la production du milieu.
Parce que les relations que les modernes entretiennent avec le monde est essentiellement fonctionnaliste, l’imaginaire serait-il aujourd’hui inutile !? Pourtant, la fiction est partout. Il semblerait même que nous soyons « !addicts !» à cette tension narrative, à la syntaxe des actions et des péripéties. Génératrice de formes et de systèmes de représentation, la fiction et la mise en récit sont également employés pour enquêter et raconter autrement une réalité difficile à appréhender.

La force critique et disruptive de la fiction
L’histoire du design s’est construite sur la trame de l’utopie et du récit de science-fiction. Les Nouvelles de nulle part écrites par William Morris en 1890 remodèlent le réel et proposent un projet alternatif pour habiter le monde de façon bucolique et égalitaire. Depuis cet exemple inaugural, plusieurs mouvements de créateurs et créatrices ont employé la même stratégie de contestation et la force critique et disruptive de la fiction est régulièrement employée dans la pratique du design et des métiers d’art pour repenser le réel et l’usage des formes.

1 Titre emprunté à l’œuvre éponyme de Philippe Parreno réalisée en 1991.
2 Charles Stépanoff, Voyager dans l’invisible, 2019.
3 Jean-Christophe Cavallin, Valet noir, vers une écologie du récit, 2021.